VIDÉO - Armes imprimées en 3D saisies à Marseille : un phénomène inquiétant

par La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Baptiste Guénais, Paul Géli et Philippe Fontalba
Publié le 6 février 2024 à 10h27, mis à jour le 6 février 2024 à 12h29

Source : TF1 Info

Ce lundi, les gendarmes et le procureur de la République de Marseille ont annoncé le démantèlement d’un vaste réseau international de ventes et de fabrication d’armes à l’aide d’imprimantes 3D.
Une première sur le territoire national.

Elles ressemblent à des jouets, mais il ne faut s'y fier : ces armes peuvent servir à tuer. Pilotées par la division "cyber" de la gendarmerie nationale, des investigations minutieuses menées pendant un an et ayant notamment nécessité l'infiltration d'enquêteurs au sein de groupes Telegram, auront été nécessaires pour parvenir à ce vaste coup de filet survenu fin janvier dans les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Ile-de-France, Grand-Est, Midi-Pyrénées et en Belgique. 

Trois cents gendarmes, dont des membres de l'unité d'élite GIGN, ont été mobilisés pour interpeller quatorze personnes, récupérer huit imprimantes 3D, sept armes 3D complètes ainsi que vingt-quatre armes conventionnelles, souvent non déclarées et saisies principalement chez des collectionneurs. "Ces armes se négociaient sur le dark web, de 1000 à 1500 euros, alors que le coût de fabrication est évidemment moins important", détaille dans la vidéo ci-dessus Nicolas Bessonne, procureur de la République de Marseille. 

Afin d'échapper aux contrôles, les pièces fabriquées à l'aide d'une imprimante 3D étaient envoyées une par une à l'acheteur. Les gendarmes ont saisi huit imprimantes 3D et interpellé quatorze personnes entre la Belgique et la France, âgées de 18 à 30 ans. Les profils ? "Des personnes qui partagent soit une idéologie très radicale, d'extrême droite, d'extrême gauche, ou des écologistes radicaux, ainsi que des collectionneurs ou encore des trafiquants en lien avec le trafic de stupéfiants", explique le colonel Hervé Pétry de l'Unité Nationale Cyber de la gendarmerie.

Une "ubérisation du trafic d'armes"

La conception de ce type d'arme s'est considérablement améliorée ces dix dernières années, en même temps que les imprimantes 3D devenaient plus performantes et moins chères. Sur Internet, il est très facile de se procurer des schémas gratuitement. "Cela reste interdit par la loi avec des peines pouvant aller jusqu'à six ans d'emprisonnement", rappelle Nicolas Bessone. "Il s'agit d'une ubérisation du trafic d'armes", lesquelles étaient vendues via des sites en ligne et avec des paiements en cryptomonnaies, a-t-il poursuivi, précisant que "la délinquance s'adapte aux nouvelles techniques".

Si le phénomène s'installe et se développe, il faut que l'on soit prêts à répondre aux demandes des enquêteurs.
Un expert de la police scientifique à TF1

Comme vous pouvez le voir dans le sujet en tête de cet article, l'équipe de TF1 avait rencontré quelques mois plus tôt des experts de la police scientifique qui avaient eux-mêmes fabriqué des armes, pour mieux les étudier. Le phénomène est pris très au sérieux par les autorités : pas de statistique, certes, mais selon elles, les saisies sont de plus en plus fréquentes. "Si le phénomène s'installe et se développe, il faut que l'on soit prêts à répondre aux demandes des enquêteurs, que l'on comprenne comment elles fonctionnent, comment elles sont fabriquées ainsi que les traces spécifiques qu'elles vont laisser", expliquait un expert à TF1. 

Ce type d'armes reste peu utilisé par le grand banditisme, car pas encore assez fiables. En juin 2023, à Marseille, deux hommes ouvraient le feu devant un commerce avec une arme imprimée en 3D. Aucune des balles tirées n'avait atteint leur cible. En 2019, le tireur de Halle, en Allemagne, avait utilisé une arme 3D conçue par ses soins lors de son attaque contre une synagogue et un restaurant turc, qui avait fait deux morts.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Baptiste Guénais, Paul Géli et Philippe Fontalba

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