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Guadeloupe : 55% des jeunes ont-ils des pensées suicidaires, comme l'affirme un député ?

Publié le 7 mai 2024 à 20h23

Source : TF1 Info

Un député de la Guadeloupe s'inquiète de la santé mentale des adolescents dans les Antilles.
Quelque 55% des jeunes Guadeloupéens, explique-t-il, indiquent avoir éprouvé des idées suicidaires.
Ce chiffre correspond selon l'auteure de l'étude à la proportion de jeunes ayant ressenti des "idées noires", mais les idées suicidaires concerneraient un jeune sur cinq.

Membre du groupe LIOT à l'Assemblée, le député de la Guadeloupe Olivier Serva a interpellé le gouvernement au sujet de la santé mentale des adolescents et de leur prise en charge. Il a notamment mis en avant un chiffre fort, selon lequel "55% des jeunes guadeloupéens ont des idées suicidaires". Un constat qui interpelle, basé sur des travaux récents.

Une étude sur 400 jeunes menée l'an passé

Les travaux auxquels fait référence l'élu ont été mis en avant à l'automne 2023. Il s'agit d'une étude basée sur les réponses apportées par des jeunes Guadeloupéens de 11 à 18 ans. Ils sont 400 à avoir complété un questionnaire, chargé d'évaluer leur santé mentale. Le Centre médico-psychopédagogique, située sur la commune des Abîmes, se trouve à l'origine de cette initiative.

Invitée du journal de Guadeloupe 1ʳᵉ quelques mois plus tôt, la psychiatre et pédopsychiatre Marina Blum a évoqué les conclusions de cette étude, dont elle a été à l'initiative. "On a trouvé des idées noires chez presque 55% des enfants qui ne sont pas pris en charge du tout", a-t-elle indiqué. Des jeunes "qui n'ont jamais vu un psychologue, qui ne sont pas vulnérables, n'ont pas d'antécédents psychiatriques familiaux ou personnels."

Seulement, lors de l'entretien, elle ajoute que "presque chaque cinquième des enfants à l'école présente des idées suicidaires", soit environ 20% et non 55%. 

Dans les médias Guadeloupéens, ces travaux étaient d'ailleurs présentés avec les bonnes précautions, à savoir distinguer les idées noires et les idées suicidaires. "55% des enfants guadeloupéens ont des idées noires", titrait ainsi la radio RCI Guadeloupe sur son site Internet, n'évoquant pas ici une proportion de jeunes développant des idées suicidaires. 

Pour Marina Blum, l'étude permet de se pencher plus spécifiquement sur la situation des jeunes Guadeloupéens, tout en ayant grâce aux résultats des points de comparaisons avec les recherches conduites à l'échelle française et internationale. Ce mal-être "n'est pas une spécificité guadeloupéenne", a-t-elle confié à France Antilles : "les chiffres sont quasi équivalents au niveau national". Et d'ajouter que "la France reste le pays où les tentatives de suicide sont les plus élevées d'Europe". 

Notons qu'il y a quelques semaines, c'est Santé Publique France qui dévoilait les conclusions d'une étude similaire, menée cette fois chez un public légèrement plus âgé (au sein de la tranche 18-24 ans). De jeunes adultes chez qui la prévalence des pensées suicidaires a connu une hausse entre 2014 et 2021, avec une accélération entre 2017 et 2020. Si ces tendances s'expliquent par une pluralité de facteurs, l'impact de la crise sanitaire fait partie des éléments aggravants qui sont mis en avant. Entre 2019 et 2022, les consultations auprès d'un psychologue ont augmenté de 60% chez les 18-24 ans.

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Thomas DESZPOT

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