VIDÉO - Vols de fret : la ruse des escrocs pour détourner des tonnes de marchandises

par M.T | Reportage Baptiste Guénais, Jean-Philippe Héquette et Florian Chevallay
Publié le 16 janvier 2024 à 11h16

Source : JT 20h Semaine

En France, des voleurs parviennent à détourner des tonnes de marchandises en usurpant l'identité de sociétés de transport.
Dans l'Oise, une équipe a récemment mis en œuvre cette technique pour dérober notamment 1,8 million d’euros de parfum.
TF1 a mené l'enquête sur le fonctionnement de ces vols par ruse.

En mai, les enquêteurs de la brigade de répression du banditisme (BRB) de Versailles ont interpellé une équipe spécialisée dans le détournement de fret. Quatre hommes se faisaient passer pour les employés d'une véritable société de transport, stockant la marchandise volée dans l'entrepôt d'un village de l'Oise. "On voyait souvent des camions qui venaient une ou deux fois par mois. Un employé était là, il faisait comme un gardiennage", se souvient un voisin dans l'enquête du 20H de TF1 ci-dessus. 

En quelques mois, l'équipe a dérobé des meubles, des capsules de café, du matériel optique, des pompes à chaleur, des trottinettes, et surtout 18.000 flacons d'un parfum de luxe. Valeur à la revente estimée : 1,8 million d'euros. Comment ont-ils pu dérober des marchandises si variées ? Ils passaient par des bourses de fret, des sites internet réservés aux professionnels du transport. 

En trois ans, plus de 200 entreprises en Europe dont l'identité a été utilisée ou usurpée

Donnant l'illusion d'être une entreprise bien réelle, ils offraient leurs services et gagnaient des contrats. Il ne leur restait plus qu'à se présenter au quai de chargement, et de repartir avec la cargaison. "Là, le transporteur va mettre son offre, il ne va pas mettre la nature du produit transporté. (...) Ils savent que dans la région d'Orléans, il y a tout ce qui est parfumerie, mais ils ne savent pas exactement ce qu'ils vont charger", explique Patrice Bouvet, enquêteur d'assurances interrogé par TF1. 

En trois ans, cet enquêteur a recensé dans toute l'Europe près de 200 entreprises dont l'identité a été utilisée ou usurpée. L'accès aux bourses de transport est pourtant contrôlé, mais les escrocs rivalisent d'ingéniosité afin d'obtenir des codes d'accès. "Ils s'inscrivent sur la bourse de transport, et en trois mois, ils font jusqu'à 80 détournements de fret", détaille Patrice Bouvet. 

Il faut avoir une certaine structure et de bons partenaires
Maître Philippe Ohayon, avocat

Souvent, la marchandise subtilisée prend la direction des pays de l'Est, de la Russie ou du Maghreb. Maître Philippe Ohayon cumule depuis plusieurs mois les dossiers de détournement de fret, et décrit des réseaux minutieusement organisés. "Il faut un semi-remorque et des petites mains pour décharger la marchandise. Il faut quand même avoir une certaine structure et de bons partenaires", analyse l'avocat, interrogé dans le reportage en tête de cet article. 

À noter que ces escroqueries peuvent avoir de graves conséquences pour les partenaires basés en France. "Les palettes arrivent avec des étiquetages, et on regarde si ça correspond aux bonnes livraisons, quand ça correspond on ne peut rien faire d'autre", défend le gérant d'une société de stockage qui s'est fait duper, louant les lieux à un escroc. Usurpant l'identité de sociétés, ce dernier aurait passé des commandes dans toute l'Europe, et détourné près d'un million d'euros de fret. 

Accusé de complicité, le gérant de la société de stockage clame son innocence, mais cette affaire l'a finalement forcé à fermer boutique. "Je me retrouve avec zéro client, ils m'ont tous lâchés. Je n'ai plus de travail, plus de société, je n'ai pas de quoi payer ma maison", se désole-t-il. En bande organisée, ces escroqueries peuvent être punies de dix ans de prison et un million d'euros d'amende. 


M.T | Reportage Baptiste Guénais, Jean-Philippe Héquette et Florian Chevallay

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